Le retour du temps des cathédrales, une prouesse high tech, un chef d’œuvre signé Wilmotte !
Il fallait deux siècles aux bâtisseurs des cathédrales du Moyen-Âge pour laisser à la postérité le témoignage de leurs exceptionnels savoir-faire.
Associant architecture et high tech, il ne fallut que deux ans à Jean-Michel WILMOTTE pour réaliser la cathédrale Russe orthodoxe de Paris.
Visite d’un chef d’œuvre hors normes et high tech.
Par Jean-Marie HUBERT
VOIR L’ARTICLE ICI : D86_LIFESTYLE_HITECH
Jean-Michel WILMOTTE nous a encore surpris avec une réalisation hors du commun : La cathédrale orthodoxe Russe de la Sainte Trinité en plein cœur de la capitale, dont les bulbes dorés sont un nouveau bijou dans le ciel Parisien, une étape supplémentaire dans le chapelet monumental de la Seine, dont les berges sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO.
De l’Institut du Monde Arabe au Musée Jacques CHIRAC, en passant par Notre Dame de Paris, la Conciergerie, l’Institut, l’Assemblée Nationale, l’esplanade des Invalides, le Grand Palais, le Petit Palais, la tour Eiffel, le Palais de Chaillot, sont un enchaînement de réalisations monumentales suivant le fil de la Seine.
Plus près encore, jouxtant les bâtiments de la cathédrale et de son centre culturel, un palais de l’État, le palais de l’Alma. Palais national de la République Française, il doit son nom à la bataille de l’Alma en Crimée en 1854 après avoir été les écuries de l’empereur Napoléon III. Aujourd’hui, il comporte 67 appartements pour les personnels les plus importants de la Présidence de la République, mais y hébergea aussi par le passé François de Grossouvre, Anne et Mazarine Pingeot en secret.
Architecture et high-tech, c’est un mariage heureux, permettant de dépasser les codes classiques et d’introduire autant d’innovation créative.
Plus qu’une architecture, ces constructions sont des temples de la culture, de la spiritualité ou de la musique.
Nous avions évoqué ce type de challenge entre architecture et high-tech appliquée avec le Grand Palais Éphémère (DANDY # 81), une autre performance de Jean-Michel WILMOTTE.
Plus encore avec la Philharmonie de Paris réalisée par Jean NOUVEL qui fait de ce temple de la musique, une des meilleures architectures acoustiques au monde (DANDY # 60).
Plus que des œuvres architecturales, des cathédrales pour tutoyer les étoiles de la culture et de la spiritualité.
De l’éducation aussi, Jean-Michel WILMOTTE et ses associés ayant réalisé cette année le nouveau campus de Sciences Po Paris, 1 place Saint Thomas d’Aquin, dans le 7e arrondissement.
C’est Borina ANDRIEU, une architecte russophone de WILMOTTE & ASSOCIÉS, première agence d’architecture privée avec 260 collaborateurs dans 30 pays, qui a dirigé ce projet et qui nous accueille pour nous le présenter :
« Le programme s’articule autour de 4 entités distinctes formant un ensemble harmonieux, dans lequel les bâtiments entrent en résonnance les uns avec les autres ainsi qu’avec leur environnement immédiat »
Situé à l’ancien emplacement du siège de Météo France, à l’angle du quai Branly et de l’avenue Rapp, face au pont de l’Alma la Cathédrale et le centre culturel occupent 4240 m2 de terrain. Après une démolition débutant en février 2014, le chantier de construction se déroula du 15 juillet 2014 au 18 octobre 2016. La maîtrise d’œuvre de conception et d’exécution fut confiée à BOUYGUES BÂTIMENT IdF.
C’est donc en deux ans seulement que fut érigé le complexe du « Centre Spirituel Culturel Orthodoxe Russe de Paris », incluant la monumentale cathédrale de la Sainte Trinité du Diocèse de Chersonese.
Ce complexe, objet d’un concours ouvert, est composé, outre la cathédrale, d’un centre culturel, avec deux salles d’exposition de 660 m2, un centre administratif avec un auditorium de 209 places, un pôle éducatif pouvant accueillir 150 élèves, avec salles de classe, ateliers et bibliothèque.
Cette cathédrale du XXIe siècle doit respecter les règles d’urbanisme et une somme de contraintes de tout ordre, dont les obligations canoniques : Chemin de Croix circulaire, entourant un autel à l’Est, comme toutes les églises orthodoxes. Le permis de construire, une fois n’est pas coutume, fut délivré par l’État, en l’occurrence le Préfet et non la Ville de Paris.
Un peu de technique, à présent, puisque c’est le coeur de notre propos ici.
Tout d’abord, ce qui frappe le plus dès le premier coup d’œil : Les 5 bulbes qui illuminent le ciel de Paris. Réalisés en France avec des matériaux composites par MUTLIPLAST, une entreprise Vannetaise de coques de bateaux.
Les bulbes sont ornés par 90.000 feuilles d’or mat.
Le grand bulbe de 14,5 mètres de haut et de 11 mètres de diamètre à l’équateur est garni de 8 pétales de 7 mètres de haut. Les quatre petits bulbes de 7,5 mètres de hauteur et 5,8 mètres de diamètre à l’équateur se complètent 3 petits pétales de 3 mètres.
La croix orthodoxe du bulbe principal culmine à 36,20 mètres du sol tel un phare spirituel dans le ciel Parisien.
Voyons les matériaux à présent :
L’édifice est en béton banché dont les voiles montent à 17 mètres de hauteur, une réalisation monumentale de BOUYGES Ile de France. C’est la pierre de MASSANGIS, une pierre noble de Bourgogne qui constitue l’essentiel des façades, directement agrafées sur le voile béton, mais aussi le bois et le verre. Le verre, inséré en sandwich, qui permet de faire entrer la lumière avec discrétion dans ce lieu de prière ouvert vers les cieux. Sur le plan architectural, les insertions de verre entre les pierres de Bourgogne allègent l’édifice avec une illusion très élégante de feuilletage.
Ce qui frappe le plus en évoluant dans cet ensemble, c’est l’harmonie des différents bâtiments et la sérénité qui règne, aussi bien dans les coursives intérieures que dans les édifices. Une sérénité bienvenue dans un univers destiné à la culture et à la spiritualité.
La partie la plus importante du challenge architectural, non descriptible mais tellement perceptible. Les bâtiments qui parlent à nos âmes, c’est le miracle de ces œuvres architecturales ici ou à la Philharmonie.
Encadré
Les portes de la cathédrale sont ouvertes tous les jours de 14 :00 à 19 :00 pour la visite et la prière.
Très richement décorée comme les édifices religieux orthodoxes, elle garde une simplicité et une réserve tout à fait innovante, beaucoup moins chargée qu’à l’accoutumée.
Offices les jeudis à 17 heures, vendredi 9 heures en Moldave et les samedis à 10 heures en Français. Les dimanches à 7h45 et 10 heures.
1 quai Branly – 75007 PARIS
https://www.cathedrale-sainte-trinite.fr/ru
et Facebook : www.facebook.com/cathedralesaintetrinite
Note de l’auteur
Les oreilles de Poutine plus grandes que celles de Biden ?
Mes rubriques high tech dans les médias m’entrainent parfois dans des directions imprévisibles.
Si la communion de l’architecture et du high tech au plus haut niveau m’ont permis une exploration de l’intérieur dans les temples de « l’état de l’Art », avec Jean NOUVEL à la Philharmonie de Paris (Dandy n°60) puis avec Jean-Michel WILMOTTE à la construction du Grand Palais Éphémère (Dandy n° 81 ), ce dernier m’entraine à la Cathédrale Russe de Paris (Dandy n°86 tout juste en kiosque).
Retour au temps des cathédrales dont le temps de construction est passé de 200 ans au Moyen Âge, à 2 ans aujourd’hui avec Jean-Michel WILMOTTE et la construction de la Cathédrale Russe Orthodoxe de la Sainte Trinité à Paris : Un miracle réalisable grâce au talent de l’architecte et aussi aux nouvelles technologies employées pour réaliser l’irréalisable.
A lire sur ce lien et à découvrir dans le magazine actuellement en kiosque.
Mais que vient faire Poutine dans cette histoire ? D’une part, c’est lui qui l’a financée et en-dehors des horaires des offices dans l’ensemble du bâtiment, son église, sa bibliothèque et son centre culturel vous vous trouvez en territoire Russe. Ce qui est plus surprenant c’est de découvrir que le bâtiment adjacent n’est autre que le Palais de l’Alma, où tous les fonctionnaires de l’Élysée au plus haut niveau résident.
Pour ceux qui connaissent un peu les techniques les plus avancées en terme de microphones, on sait que l’on peut écouter tout ce qui se passe avec le matériel adéquat à plusieurs kilomètres. Alors, à quelques mètres, c’est à la portée du premier chasseur de sons.
Mais, pas de panique, dans ce domaine les frontières entre l’espionnage, l’intelligence stratégique, militaire, économique sont tenues.
Et n’oublions pas que les antennes dont sont recouvertes les toits de l’ambassade des USA à Paris, à quelques mètres de l’Élysée ne sont plus un secret pour personne et n’inquiètent plus personne. Paris est la capitale des espions.
Et en ces temps de canicule, allez vous recueillir au frais dans les Cathédrales.