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Disruption : Entrons dans le nouveau monde de l’intelligence artificielle

Disruption et évolution

Disruption : Entrons dans le nouveau monde de l’intelligence artificielle

Passionnés de nouvelles technologies et de style de vie, les bouleversements que nous vivons et l’accélération des nouvelles pratiques nous interpellent. Et on finit par se rendre compte que ce n’est pas une révolution ni une évolution que nous vivons, mais bien une disruption !
Comment la comprendre et l’appréhender ?
Disruption : Entrons dans le nouveau monde de l’intelligence artificielle


Dandy living : Une approche de la high-tech par le style de vie.


Par Jean-Marie HUBERT
Chef de rubrique high-tech & lifestyle chez DANDY
Photos : Adobe
Article original paru dans DANDY n° 71 : Consulter ICI
Mise à jour : Avril 2020
Rubrique : High-Tech & Lifestyle

Consulter tous les parutions : ICI

Disruption : Entrons dans le nouveau monde de l'intelligence artificielle

J’ai passé un été studieux. Non pas seulement avec ma tablette et Google, mais avec quelques livres très enrichissants. Vous savez, ces feuilles de papier imprimées et reliées avec des jolies couvertures en couleurs ?
Dans la bouche d’un fou de technologie, cela vous fait sourire ? Sachez que les patrons des GAFAM, (Google, Amazon, Facebook,Apple et Microsoft), se sont créé un univers domestique sans télé, sans tablettes et sans smartphones pour mettre à l’abri leurs familles des pratiques de leurs empires, où ils dévorent le monde.
Et donner à leurs enfants le goût de la lecture, mieux créer leurs propres écoles dans la Silicon Valley (2).
Disruption : Entrons dans le nouveau monde de l’intelligence artificielle

Disruption, vous avez dit disruption ?
Oui mais qui a dit disruption ?

Certes, « disruption » est devenu le mot à la mode, même trop.
Mais peu de gens en comprennent le sens réel et le phénomène qui nous envahit.

Tout le monde l’utilise à tort et à travers, surtout les politiques, qui à l’heure de la communication, veulent interpeller par des mots forts. Ils appellent « disruption » toute évolution ou transformation, même minime, pour donner plus de force au propos, alors que ce terme désigne tout l’inverse d’une évolution, une rupture totale !

Certes le discours politique est aujourd’hui plus inspiré du Cours Florent que des bancs de Sciences Po.
Mais sont ils conscients que cela les conduit à la fin d’un siècle et notamment à la fin de leur système ?

Du latin « disruptus», du verbe « disrumpere » la notion de rupture est dans le mot. Briser, faire éclater, détruire.

Disruption Stephane Mallard

Ce qui est certain c’est que le mot révolution n’est pas retenir dans cette démarche, car elle induit une notion de destruction du passé pour recréer un nouvel avenir.
La disruption est une transformation en profondeur, un changement de paradigme.

Faut-il considérer cette rupture comme bonne ou mauvaise, peu importe elle est inéluctable, elle est en marche.

Mais comme le conclut si bien Stéphane MALLARD dans son formidable livre « DISRUPTION, Préparez vous à changer de monde » (1),  il va falloir se disrupter pour éviter de se faire disrupter !

Disruption : Entrons dans le nouveau monde de l’intelligence artificielle

Il nous donne le fil conducteur de l’IA à l’humanité augmentée, un graal.

Au moment où je vous écris ces lignes sur mon clavier, mon correcteur orthographique me rappelle qu’il ne connaît pas ce mot et il suggère une erreur … ou un nouveau néologisme inconnu. Raymond QUENEAU ou Boris VIAN s’en seraient fait un régal.

En attendant qu’il entre dans le dictionnaire, il faut rappeler que le premier à l’utiliser fut Jean-Marie DRU de l’agence BDDP qui engendra TBWA et qui, en réponse à leurs clients en quête de stratégie de rupture, leur conseilla un « Disruption Day » pour rompre avec ce qui s’est fait avant pour faire du nouveau. C’est une notion purement mercatique. TWBA a d’ailleurs déposé la marque ! (5)

En économie, c’est Steve JOBS avec APPLE, qui a provoqué une complète disruption en créant l’IPhone: En effet, en le créant, il a créé le premier « téléphone ordinateur », qui a engendré le marché global du smartphone donc la naissance d’UBER, AIRBNB, NETFLIX et de toute la nouvelle économie.

Quand il a créé l’I Pad, il savait parfaitement qu’il n’avait à priori pas d’utilité. Donc pas de clients. Il a donc, en créant l’objet, créé un besoin. On sait le rôle que jouent les tablettes aujourd’hui. Steve JOBS est aujourd’hui certainement le meilleur architecte de la construction disruptive. (4)

Bernard STIEGLER, philosophe contemporain, quant à lui, nous promet la folie, fruit de la prise de conscience de notre impuissance face l’évolution foudroyante de la technologie. (3)

Tariq KRIM, quant à lui pense que l’intelligence artificielle couplée aux technologies de manipulation ont le potentiel de détruire notre société.

Après avoir lu et intégré les différentes approches, il reste un certain nombre de concepts forts, de points de convergence et je vous rassure, la disruption, même si elle apparaît comme violente sera salutaire.

L’économiste Joseph SCHUMPETER, avant la naissance du mot disruption en avait bien compris le sens et l’appelait « la destruction créatrice ».

Disruption : Entrons dans le nouveau monde de l'intelligence artificielle

Si l’IA nous conduit à l’humanité augmentée, voilà l’avenir magnifique qui nous attend même si la rupture technologique nous conduit à la rupture de tous nos repères, le grand chamboulement technologique nous apportera de l’humanité, de l’empathie et tout simplement tout ce que la machine ne pourra pas faire.

Il est évident qu’aujourd’hui nous commençons à apprivoiser et à contrôler le monde que le numérique nous impose. Garder son téléphone à table ou tout simplement en société est devenu un comportement grossier. J’ai appelé cela « l’incivilité numérique ». Certains restaurants suggèrent, non sans humour, de le laisser au vestiaire, comme les colts dans les « saloon » du Far West. Quant aux enfants, dont l’addiction aux écrans les incite à passer de la TV à la tablette puis au smartphone, ils ont interpellé leurs parents à une nouvelle gestion de leur temps.

Bernard PIVOT indiquait dans une interview que, quand il était jeune, son livre favori était le dictionnaire. Il pouvait y puiser sans fin des nouveaux mots et découvrir leur signification. A plus de 80 ans, il continue cet exercice avec délectation.

Bien entendu il ne s’agit pas de tenter de résister à un monde qui change, mais à adapter ses modes de vie.
J’ai moi même une addiction à Wikipédia qui est devenu un de mes meilleurs assistants.

Cette évolution technologique étant à rapidité exponentielle, nous n’allons plus pouvoir suivre, donc il va falloir nous préparer à entrer dans le nouveau monde et à vivre la disruption provoquée par l’arrivée de l’IA avec enthousiasme.
Disruption : Entrons dans le nouveau monde de l’intelligence artificielle !

L’IA nous conduit à une disruption prometteuse

Pour illustrer ce propos, il suffit de prendre en exemple le monde de la santé. Aujourd’hui, les grands chirurgiens peuvent opérer un patient à des milliers de kilomètres.
Demain, les diagnostics médicaux seront faits grâce à l’intelligence artificielle et bien entendu ils seront sûrs quasiment à 100 %. Le médecin lui pourra reprendre l’aspect humain, l’accompagnement du malade et redévelopper l’empathie, si nécessaire à la guérison. En un mot faire de la médecine de la personne comme le voyait Paul TOURNIER, un des maîtres de mon père, médecin  cardiologue. Voilà un bel exemple intelligence artificielle / humanité augmentée.

Dans tous les domaines, que ce soit les transports avec les véhicules sans chauffeur, la sécurité avec la cyber-sécurité, l’environnement avec le contrôle de la consommation energétique, le commerce avec l’expérience client, et bien entendu dans les foyers avec les assistants personnels, l’IA se révèlera comme l’empreinte du siècle dans notre mode de vie augmentée.

Et nos emplois ?

S’agissant du monde de l’entreprise, il faut arrêter de penser que la machine va détruire des emplois. Elle va en créer de nouveaux et va nous permettre d’évoluer de tâches pénibles vers d’autres bien plus motivantes.
Elon MUSK nous enseigne que nous n’aurons pas d’autre choix que de converger avec la machine parce que nos capacités biologiques naturelles ne feront pas le poids face à l’accélération exponentielle de la vitesse et des capacités de traitement des machines avec l’IA.
A chaque époque correspondent des métiers, qui eux même correspondent au niveau de la science et de la technologie. Voyez le nombre d’emplois d’hier ayant disparu, du maréchal ferrant à l’allumeur de réverbère.
Il est évident qu’aujourd’hui, les nouveaux métiers dans l’informatique et les réseaux sociaux nous offrent une vie meilleure !
Mais il n’empêche qu’à chaque époque cela a été source d’inquiétudes. L’IA est une technologie révolutionnaire, mais reste une technologie et va, comme les autres au fil des siècles, créer des nouveaux emplois.
Ce qui nous inquiète c’est que nous ne les connaissons pas encore. Depuis des siècles le travail n’a jamais disparu, il s’est juste transformé.
Elon Musk promeut la règlementation de l’IA, ce qui à mon sens est une nécessité absolue, une responsabilité à prendre par nos gouvernants et de manière concertée.

Mêmes des métiers très actuels comme ceux du marketing, de la communication dans sa forme actuelle vont disparaître avec l’IA. En effet, nous aurons à notre disposition des outils, des assistants intelligents pour déjouer les stratégies d’influence du marketing, les rendant obsolètes. Il faudra donc créer les dispositifs capables de parler et de convaincre les assistants intelligents et non plus les humains.

Ce qui est vraisemblable également, c’est la quasi disparition du salariat.
N’ayons pas peur de cela, réjouissons nous !

Autrefois, on avait un métier pour la vie.
Hier, on pouvait successivement avoir plusieurs métiers au cours de sa vie.
Aujourd’hui on peut faire plusieurs métiers à la fois.

Ajoutons à cela la précarité de l’emploi qui a généré, avec les nouvelles technologies, la création d’entreprises comme UBER. D’un nom, c’est devenu un concept et tout ou presque est entrain de s’« ubériser ». En un mot, de plus en plus d’individus choisissent l’auto-entrepreneuriat plutôt que le salariat.
Il en est de même pour les entreprises, qui vont préférer confier des pans entiers de leur activité à des auto-entrepreneurs, car c’est une solution bien plus souple que le salariat.
Notamment en France, la crainte d’embaucher et le coût des charges accélère cette transition.
Pire encore, il est vraisemblable que le salarié devienne rapidement un assisté dans notre société, voire apparaisse comme un incompétent. Un salarié peut dissimuler son incompétence à l’embauche, pas un free lance. Autour de nous, les entreprises modernes n’ont plus de système hiérarchique classique.
Chacun est devenu maître et responsable de sa BU (« Business Unit »). Il a un objectif fixé et la liberté totale de l’atteindre ou de le dépasser avec les moyens qu’il jugera utile. Il en ira de même des CV et des diplômes qui vont être remplacés par les capacités réelles constatées.
Une bonne expérience pratique vaut bien mieux qu’un beau diplôme et il n’y a que dans les administrations et les systèmes de l’état que l’on peut se permettre ce type d’approche, déconnectée des notions de coût et de rentabilité.

Disruption et IA DANDY
En fait, notre monde devient plus sain, plus fluide, plus lumineux et porteur de plus d’espoir. Les systèmes construits que nous subissons vont être remplacés par des systèmes que nous choisirons. Et même si les GAFAM absorbent nos données, ils nous le rendent bien avec les services qu’ils nous apportent et dont nous avons besoin. Pour acheter mes livres de l’été, un simple clic a suffi et ils sont arrivés sur mon lieu de vacances dès le lendemain. Et si vous pensez que l’IA va nous remplacer, détrompez vous, elle va nous aider, comme le tournevis ou le marteau prolongent notre main dans des tâches qu’elles ne peuvent pas faire, ce qui n’a jamais choqué personne.

Qui plus est elle va permettre de mettre bien plus d’humanité dans tout ce qui nous entoure. Une fois déchargé des tâches les plus ingrates ou les plus difficiles, l’homme va reprendre une place de choix dans la société.

Avec l’homme, la notion de service sera de retour.
Nous avons tous démissionné un jour devant notre clavier téléphonique pour tenter de joindre le service après vente de marques réputées dans la téléphonie ou ailleurs. Et une fois connectés, on vous demande votre nom, votre numéro client, votre numéro de commande, un numéro de série, non, pas celui là, cherchez bien démontez l’appareil …. Mais dites moi, c’est à eux de le savoir, avec toutes les données collectées ! C’est ainsi que si vous achetez sur un des grands sites marchands mondialisés comme Amazon, un interlocuteur dévoué répond en quelques minutes, sait qui vous êtes, vous parle dans votre langue et résout votre problème.l'humain dans la disruption

Mon approche, celle que je prône avec mes élèves se résume dans le concept du KYC :
« Know Your Customer » Faites connaissance avec votre client.
Connaître votre client c’est l’avoir écouté et continuer à l’écouter tout au long du processus. Vous vous assurez ainsi de lui servir exactement ce qu’il désire.

Cela s’appelle le respect du client et les nouveaux commerçants du numérique l’ont bien compris, le client est la personne la plus importante de l’entreprise. Jeff BESOS, dit on, impose dans ses salles de réunions une chaise vide pour figurer le client, pour que personne ne l’oublie jamais dans chacun de ses propos.

Notre société et l’état n’y couperont pas

C’est toute notre société qui va disrupter, notre construction politique et sociale, notre économie, car on l’a déjà constaté et prévu, les partis, les syndicats, les affaires et les ententes n’auront plus de secrets, tout sera mis à nu avec une immédiateté fulgurante.
L’IA va nous aider à opérer une disruption globale

Les politiques ne pourront plus se satisfaire de communiquer, il faudra que les actions produisent des résultats. Et que les promesses soient tenues. Une vraie disruption en France pourra se constater  quand rupture réelle aura lieu.
Chez la plupart de nos voisins Européens, les politiques au plus haut postes de l’Etat se déplacent en vélo, déjeunent à la cantine, payent leurs charges et leurs vacances sur leurs propres deniers. Voilà une manière réellement disruptive de réduire le train de vie d’un état et de se rapprocher de ses concitoyens.

Les entreprises mises à nu devront répondre de leurs erreurs, dans l’industrie pharmaceutique comme ailleurs, les industries polluantes seront mises au ban et les tricheurs démasqués, non seulement dans l’industrie automobile, mais partout.
Disruption : Entrons dans le nouveau monde de l’intelligence artificielle

Un monde meilleur

 

 

Disruptez, un monde meilleur nous attend !

Je le résumerai ainsi en quelques points

  • Amélioration de notre sécurité, face au terrorisme, aux trafiquants de toutes nature, au banditisme, notamment grâce à la reconnaissance faciale,
  • Amélioration de notre sécurité sanitaire face aux virus,
  • Amélioration de notre système de santé,
  • Amélioration de nos emplois et baisse du chômage,
  • Baisse de la pauvreté,
  • Amélioration de notre environnement.

Certes, on ne fait pas d’omelettes sans casser des oeuf.
Donc, c’est vrai qu’il faudra revoir nos exigences de liberté et de protection de nos données non sensibles.
Mais si c’est pour sauver des vies à commencer par la nôtre et celle de nos familles ?
Mais si nous n’avons rien à nous reprocher, quelle importance que certaines de nos données soient utilisées ?
Surtout que nous avons nous mêmes alimenté le big data de nos données sur Facebook ou sur Amazon….

Aldous Huxley Disruption - IA- DANDYImpossible de rédiger un article sur ce sujet sans évoquer Aldous Huxley.
Il écrit en 1931 « Brave New World »,
» Le meilleur des mondes« , un roman d’anticipation dystopique qui présente ce nouveau monde comme une prison sans murs, une dictature.

disruption dictatureAujourd’hui le terme de dictature numérique ne manque pas d’être prononcé par les détracteurs de l’IA, de la reconnaissance faciale en particulier.
Ce qui est certain, c’est que rien n’arrêtera la progression de l’IA, l’avènement du nouveau monde. Du siècle industriel à celui de l’information et de la communication, entrons dans celui de la data.
La seule recommandation réside dans la nécessité de règlementer l’IA. C’est à nos gouvernants qu’appartient cette lourde tâche.

Bibliographie

(1) DISRUPTION de Stéphane Mallard chez DUNOD : Indispensable !

(2) L’HOMME NU La dictature invisible du numérique de Marc DUGAIN chez Robert Lafont

(3) Dans la disruption de Bernard STIEGLER chez LLL

(4) Steve JOBS de Walter Isaacson chez JC Lattès

(5) Vous avez dit « Disruption » de Thomas MAHLER – Le Point

Et bien entendu un livre fondamental :
  Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley

Le meilleur des mondes

 

 

 

Dernière minute :Humain enfin - Emmanuel Fraysse
Signalons la parution toute récente du dernier livre de mon ami et confrère Emmanuel Fraysse sur l’IA et l’humain : HUMAIN ENFIN !
Egalement auteur de « Business is digital » un livre de référence.
Enseignant à Sciences Po et dans différentes écoles de marketing, j’ai notamment le plaisir d’enseigner à ses côtés dans le cycle Master 2 de Management évènementiel et digital à Sup de Vente Paris.

 

 

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